viernes, 27 de febrero de 1998

Crise Nationale: Facteurs de précipitation de la Guerre Civile

John SAXE-FERNANDEZ
Publié dans l’Excélsior entre le 27 février et le 22 mai 1998.
Traduction R.M., F.G. et J.P


Il y a une semaine j’ai eu l’opportunité de participer à un séminaire concernant le Chiapas, l’ALENA et la Violation des Droits Humains au Mexique, organisé par une université canadienne. Avec Donald Schultz, de l’Institut d’Études Stratégiques de l’Armée de États Unis, qui, à titre personnel, fit la même chose depuis la perspective des États Unis, j'ai réalisé l’analyse des questions de sécurité en relation avec l’ALENA. Nos points de vue comportaient d’importantes différences d’interprétation, notamment au sujet de la nature et des objectifs de la politique extérieure des États-Unis concernant le Mexique et le reste de l’Amérique Latine. Mais Schutz et moi sommes arrivés à la même conclusion, c’est à dire que les principales menaces concernant la "sécurité nationale mexicaine" ont pour principale origine la profonde déstabilisation sociale et politique secondaire à la stratégie économique appliquée depuis le début des années quatre-vingt.

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Tous les avertissements concernant les dangers pesant sur la stabilité sociale et politique mexicaine, les schémas économiques du binôme Fond Monétaire International - Banque Mondiale appliqués par des technocrates locaux avec l'enthousiasme et la diligence même de ceux agissant en tant que "country managers" dans un grand schéma de partition coloniale, furent aussi éludés par le gouvernement démocrate de Clinton. Au début de 1993, l’analyste américain réputé Walter Russell Mead lançait un avertissement au sujet des menaces que faisaient peser les EU sur le Mexique : le pays pouvait se convertir en "maux de têtes", parce qu’ " une décennie de réformes économiques ne produit pas encore de bénéfices politiques et économiques pour la majorité des mexicains ". Russell Mead avertissait que, si l’ALENA échouait à apporter le bien être à la majorité de la population, " la crise latente du système s’accentuerait... Il est presque certain que l'ALENA n’est pas la réponse à cette crise profonde de la société mexicaine. La réelle instabilité et le conflit civil au Mexique - deux éventualités claires pour la prochaine décade- seront pour les États Unis un véritable cauchemar ".

En vérité, le type de politique économique issu de l’ALENA, un schéma d’intégration subordonné qui codifie les asymétries abyssales au sein de notre nation, latino-américaine et sous-développée, avec deux des principales puissances économiques du monde, est un des principaux facteurs de la déstabilisation qui frappe aujourd'hui le Mexique : du Chiapas à la frontière du Nord et du Golfe au Pacifique, en générant chômage et sous-emploi, elle a concentré encore plus les bénéfices entre les mains d’une minorité et a augmenté d’une façon inhabituelle et systématique les niveaux de frustration sociale. Nous n’avons pas eu non plus à attendre une décennie pour que la situation explosive issue d’une politique économique brutale centrée sur le dépouillement salarial et la vente aux enchères du patrimoine du Mexique au bénéfice d’une "ploutocratie apatride pourrie", s’exprime militairement : peu de mois après la publication de l’excellent travail de Russel Mead, éclatait l’insurrection chiapanèque alors que la Maison Blanche et ses employés locaux continuaient, imperturbables, à appliquer les mêmes recettes qui ont dévasté l’économie du peuple mexicain, spécialement des paysans, des ouvriers et, de façon croissante, des gens de la classe moyenne et des dizaines de milliers de petits entrepreneurs.

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Il est certain que la rébellion chiapanèque s’enracine profondément dans une histoire coloniale faite de violence, d’expropriations violentes de terres, d’indignités souffertes par la population indienne, et que de tels dommages n’ont pas été corrigés par les gouvernements émanants de la Révolution, dont les pratiques politiques et économiques se sont orientées au bénéfice des propriétaires terriens, des éleveurs et de tous les gros intérêts de l’exploitation forestière ou minière.

Une coalition cruelle de ces groupes, fondée sur l’exploitation politique et sur les iniquités du caciquisme avec ses "gardes blanches", était et est à la base du mode de domination au Chiapas. Les structures agraires et sociales dérivées de la modernisation capitaliste ont seulement bénéficié à une petite minorité et ont prolétarisé de grands secteurs paysans, pas seulement dans cet état, mais dans tout le pays, comme nous le décrit José Luis Calva, dans " La disputa por la tierra " (Fontamara 1993).

-II-

Dans le pays, et particulièrement au Chiapas, les conditions générales d’une frustration sociale sont depuis longtemps réunies, mais les actes qui incitent de manière directe la rébellion chiapanèque sont intimement liés à l'ALENA et aux programmes économiques imposés par les EU par l’intermédiaire de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International et concrétisés grâce à la "cinquième colonne néolibérale" au pouvoir depuis le "delamadridisme" . Deux éclaircissements: quand je parle de FMI-BM, je ne fais pas référence, de manière stricte, aux "institutions financières internationales ou multilatérales", telles qu’elles sont dénommées usuellement, parce que nous sommes en présence d’instruments du pouvoir, ce que l’historien Arthur Schlesinger a qualifié de "présidence impériale" dans un fameux volume publié en 1973.

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L’autre éclaircissement est que, au sens strict, la seule "présidence impériale" de l’hémisphère occidental est celle de la Maison Blanche. Ce que nous avons à Los Pinos , étant donnée la domination de l’Exécutif sur le Législatif et sur le Judiciaire, est une sorte d’ " autocratie présidentielle ". Les exemples d’utilisation du binôme FMI-BM par la Maison Blanche dans des opérations unilatérales et interventionnistes sont légion, comme le fut le tarissement de tout crédit quand Nixon décida de déstabiliser le gouvernement de Salvador Allende. A ce moment, le mode d'action du FMI-BM s’est inscrit dans le schéma putschiste de la guerre politique, économique et psychologique de la CIA et du Pentagone, articulé par Kissinger et les bouchers de service en marge du Droit constitutionnel, pénal et international et ultérieurement à toute normativité générée par le procès de Nuremberg.

De la même façon, on peut se demander quel est le rôle d’institutions supposées multilatérales ou interaméricaines, comme la BM, le FMI et le BID, dans des schémas unilatéraux de " certification " élaborés par les EU pour étendre de fait leur domaine de juridiction sous le prétexte de guerre contre le narcotrafic ? Ces éclaircissements apportés, il devient alors remarquablement inhabituel d’analyser, aussi bien les facteurs endogènes que les effets sociaux et politiquement déstabilisants des programmes de privatisation et d’ajustements structurels (PAE) du FMI-BM (en particulier, l’impact des schémas de modernisation agraire sur l’origine de la militarisation du conflit chiapanèque, qui tend à se généraliser au reste du pays). Ce paquet d’ajustements structurels incluant la brutale réduction des dépenses publiques, la canalisation des ressources publiques et privées vers le paiement de la dette extérieure, l’abandon aux capitaux étrangers des principales entreprises et la libération des prix, ajoutés au contrôle des salaires pour réduire l’inflation et augmenter ainsi la " compétitivité internationale " des produits mexicains exportés, tout cet ensemble a eu des effets dévastateurs sur la population.
Les ordonnances du FMI-BM ont provoqué une chute importante des revenus réels. Une étude réalisée en 1984 par l’Institut National du Consommateur, quand De La Madrid était président et Salinas une figure clé de son cabinet, montrait que déjà un fort pourcentage de familles à faibles revenus avait renoncé à la consommation de viande (11,4%), de lait (7,5%), de poisson (6,7%) , de fruits et légumes (3,3%). Les études de la Banque Mondiale corroboraient l’effondrement des salaires réels durant les années 80 , et ceci essentiellement dans le secteur agraire. En 1989, au Mexique et en Amérique Latine, les effets des PAE étaient déjà très profondément ressentis et les analystes lançaient un avertissement selon lequel " un immense groupe, entre 60 et 80% de la population, souffre une situation proche de l’extrême pauvreté observée en Afrique sud-saharienne ou au Bangladesh ". La chute des revenus réels ne s’est pas limitée aux classes les plus pauvres et a commencé à affecter les classes moyennes de manière profonde et accélérée. A la "journaliérisation" du paysan s’est ajoutée la prolétarisation de la classe moyenne mexicaine, un processus qui s’est accentué de manière démesurée pendant la présidence de Salinas. Il n’est pas sans rappeler les avertissements de Crane Brinton dans son " Anatomie de la Révolution ", où la détérioration de la classe moyenne est un thème récurent dans l’étiologie des révolutions cromwellienne, nord-américaine, française et russe.

La Frustration Accumulée.

-III-

L’effondrement de l’aide publique au secteur agricole, la contre-réforme agraire irréfléchie imposée par Salinas dans la modification de l’article 27 et l’entrée en vigueur de l’ALENA ont été les détonateurs d’un milieu déjà fortement instable du fait de l’accumulation des frustration socio-économiques générées par le Programme d’Ajustements Structurels (PAE) du FMI et de la BM. Dans le cas du Chiapas, la chute des salaires a été encore plus dévastatrice à cause de la forte proportion de "journaliers", c’est à dire de ceux qui dépendaient d’un salaire. La dramatique réduction du salaire minimum se traduisit par une chute - estimée à 64,7% - du niveau de vie du paysan chiapanèque. Par rapport au niveau de vie de 1970, le PAE réduisit les salaires réels de près de 60%, selon les chiffres élaborés par l’INEGI. Les études économiques contribuent de manière décisive à éclairer ce tableau, en indiquant que la politique fortement récessive menée depuis 83, l’effondrement des prix du café sur le marché international et l’ouverture unilatérale du marché interne sont à l’origine d’une croissance du chômage et du sous emploi. En conséquence, une forte proportion de paysans chiapanèques a vu son salaire minimum réduit de 50% et doit donc vivre avec moins de 1,74 dollar par jour. Selon les chiffres avancés par Calva, 38,8% de la population sont dans ce cas et 36,6% gagnent entre 1,74 et 3,48 dollars par jour.

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La politique économique des ces trois derniers sexennats, actuellement au cœur même du traumatisme national, peut difficilement être perçue comme une "révolution économique pacifique", selon les termes employés par Clinton quand Carlos Salinas était salué par les médias, le gouvernement et les universités américaines, qui lui décernaient tous les mois le titre de " docteur honoris causa ". La nation souffre d’une involution choquante et d’une régression traumatisante. Le Chiapas est le symptôme d’un malaise général qui touche les fondements mêmes de la société mexicaine, malaise partout visible et à l’origine de la rébellion zapatiste.

Carlos Montemayor, étudiant connu des mouvements guérilleros mexicains et auteur de " La guerra del paraìso ", où il analyse quelques unes des plus importantes caractéristiques anthropologiques de la structure sociale chiapanèque, a indiqué que l’EZLN n’est que la partie émergée de l’iceberg du mal être populaire et de la rébellion, et il a raison. Selon lui, une longue période d’incubation permet à de tels mouvements d’être fortement résistants à la répression. Ils sont aussi résistants aux actions imposées depuis l’extérieur de la communauté en lutte et ne sont pas le produit de forces externes, comme on a voulu le dire des zapatistes, ce dernier thème étant rigoureusement étudié, depuis une perspective anthropologique, par Miguel Bartolomé, dans son récent livre " Gente de costumbre y gente de razon (Siglo XXI) ".

Les conditions préalables à la guerre civile, c’est à dire, les "variables indépendantes" insérées dans le phénomène, ne sont pas restreintes pas au seul Chiapas parce que la frustration sociale, la frustration économique et celle des aspirations politiques sont des caractéristiques généralisées du panorama national, de telle sorte que les PAE, les privatisations massives débouchant sur la perte du patrimoine national, ajoutés aux licenciements massifs de cheminots, d’ouvriers du pétrole et de l’électricité, au chômage et au sous emploi ont été - entre autres - les principaux facteurs précipitant le conflit social et l’augmentation notable de la délinquance. Ainsi, le concept de "privation relative", dans son expression actuelle de frustration accumulée, est essentiel pour comprendre et faire le diagnostic des origines de la rébellion zapatiste.

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Ceci veut dire que ce n’est pas la pauvreté absolue qui est responsable de la guerre civile mais les perceptions sociales en relation avec l’inadéquation entre les attentes de mieux-être de la communauté et les possibilités de mieux-être effectivement offertes. Les premières se réfèrent aux biens et aux conditions de vie auxquels la population pense avoir droit alors que les secondes concernent les biens, les conditions de vie et de bien être psychologique et culturel que la population est effectivement susceptible d'obtenir et de conserver.

La redistribution régressive

-IV-

La "privation relative", c’est à dire l’écart entre les biens et conditions de vie auxquels la population croit avoir le droit et ce qu’elle obtient réellement, s’est accentué sous l’accumulation des effets des programmes continus d’ajustement structurel. Cette divergence est la principale cause du mal être psychologique et, dans ce sens, la "privation relative" est peut-être plus importante dans des États comme Chihuahua ou Coahuila, où les niveaux de vie sont plus élevés que ceux observés dans les régions où règne une pauvreté absolue plus importante. Néanmoins les aspirations profondément enracinées dans la conscience nationale, comme celle de "Terre et Liberté", ont renforcé dans tout le pays le sentiment d’illégitimité de la constitutionnalisation de la contre-réforme agraire imposée par le FMI et appliquée par Salinas au travers de l’article 27 de la Carta Magna . A cela il est nécessaire d’ajouter la faiblesse objective qui dérive elle-même de la perception également généralisée des politiques d’aide sociale revues à la baisse, accompagnée d’un insolent programme de "bien être social inversé" ("an upside down welfare state"), c’est à dire, dédié aux subsides, secours et appuis de néobanquiers (qui n'ont plus la confiance de personne),ou d’entreprises habituées aux subventions officielles.

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Le programme pour combattre la "pauvreté extrême", conçu par la Banque Mondiale et connu sous divers noms ("Solidaridad", "Procampo", etc...), loin d’alléger la frustration populaire et paysanne a eu des effets désastreux. Ceci se doit fondamentalement au fait qu’il a été incapable de contrecarrer les effets généralisés de la politique de maximums salariaux et de licenciements massifs, ces derniers résultant des compromis établis entre l’actuel gouvernement saliniste et les investisseurs ‘nationaux et/ou étrangers" intéressés par l’achat "libre de passifs ouvriers" des Chemins de Fer, de la CFE et des parties déjà démantelées de Pemex. La baisse des salaires imposée par le FMI a été aussi brutale qu’irrationnelle. Durant la période 1970-1982, les chiffres de l’INEGI indiquent que les salaires ont représenté près de 37,1% du PNB, alors que, de 1990 à 1994 ils étaient descendus à seulement 25,8% du PNB. En utilisant cette information, l’économiste Jose L. Calva calcule que, entre 1983 et 1993, les salariés mexicains perdaient l’équivalent de 246,900 millions de dollars et que, pendant les quatre premières années de l’ère saliniste, la perte a été de 160,900 millions. Le programme Solidaridad n’a permis de récupérer que quelques 4% de ce qui avait été perdu par les salariés. Les analystes classent fréquemment les politiques de développement en deux types. : le développement qui fragmente - c’est à dire qui concentre la richesse et polarise la société - et celui qui intègre, autrement dit qui tend à promouvoir l’équité économique. La politique du FMI-BM appliquée par les trois plus récents gouvernements mexicains est décidément du premier type. En concentrant la richesse au milieu d’un accroissement inégalé de la pauvreté, on a favorisé la violence sociale et, au lieu de changer de cap, le gouvernement a accéléré le processus de division par la militarisation de son action destinée à épauler les conséquences du programme économique nord-américain. En 1984, le revenu des 10% de familles les plus pauvres du Mexique représentait 1,72% du PNB, en 1989, après les grands efforts du delamadridisme, il se réduisait à 1,58% pour chuter à 1,55% en 1992.

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Par contraste, le revenu des 10% de familles les plus riches augmenta en passant de 32,7% du PNB en 1984, à 37,93% en 1989 et à 38,16% en 1992. Les chiffres obtenus de la Banque du Mexique et de la Bourse Mexicaine de Valeurs indiquent que la concentration de la richesse protégée par ce "modèle néoporfiriste" a atteint des niveaux difficiles à imaginer. En 1994, seulement 0,2% de la population contrôlait 51,11% des actifs du pays, chiffre en hausse alors les membres actuels de l’Administration ne se préoccupent que de faire des affaires avec leurs associés américains, en utilisant la désintégration actuelle des Chemins de Fer Nationaux et en exigeant, en plus, la privatisation totale de Pemex et de la CFE.

Le Néoporfirisme Capitulationiste

-V-

Au sénateur Conchello
"Une petite mais puissante oligarchie s’était formée autour du Président qui lui avait octroyé le droit de s’enrichir. Ce petit groupe possédait toute la richesse du pays ; ses membres donnaient la préférence à leurs amis dans la distribution de la prospérité. Des cliques surgies à l’ombre des banques... monopolisaient tous les profits et faisaient en sorte que le progrès social soit une légende rien de plus. Aveugles aux problèmes de leur pays, ces gens se préoccupaient seulement de leurs propres profits ". Cette description, qui peut facilement être comparée aux tendances et aux événements qui ont caractérisé ces trois derniers sexennats, est celle de Leopoldo Zea dans son livre " El Positivismo en México " (1944) décrivant le gouvernement de Porfirio Diaz à la fin du XIX siècle.

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La "petite et puissante oligarchie" du "néoporfirisme" est agglutinée autour de la minorité que j’ai mentionnée la semaine passée et qui, représentant moins de 0,2% de la population, contrôle 51,1% des actifs du pays. Le copinage, les "cliques" surgies autour des néobanquiers et la myopie devant les problèmes du pays ont peut-être surpassé le porfirisme en cupidité, trahison et corruption. Dans ce sens, le terme "oligarchie" est tout à fait adéquat. D’après L. Thurow, les intérêts de l’ " establishment capitaliste " ne l’amènent en aucun cas à sacrifier l’intégrité nationale avant d’en avoir retiré assez de bénéfices. Ses membres ne négligent pas le fait que leur intérêt majeur est intimement liée au bon fonctionnement de la société comme un tout, société conçue comme une grande embarcation qu’il est nécessaire de préserver en faisant attention aux équilibres socio-économiques. Une oligarchie, au contraire, est dominée par la cupidité : le lucre se hisse au-dessus de l’intégrité nationale et ne se préoccupe pas du naufrage du navire ; comme ils orientent une grosse partie des économies nationales sous leur contrôle vers des activités spéculatives et favorisent la fuite de l’argent vers tous les paradis fiscaux connus, dans l’éventualité d’un engloutissement national, ils pourraient compter sur de nombreux yachts où se réfugier.

La privatisation et la vente à des capitaux étrangers du patrimoine national offre à l’oligarchie une magnifique opportunité pour réaliser de bénéfices juteux, qu’ils désirent maintenant amplifier, depuis la téléphonie, l’aviation, l’industrie sucrière, les chemins de fer ou les banques, jusqu’à la Pemex, la CFE, les ports et aéroports. Les "dénationalisations", impulsées par les EU au moyen du FMI-BM, ont trouvé un appui fondamental chez leurs "investisseurs institutionnels" (fonds mutuels, etc...) et dans le gouvernement de cette ploutocratie oubliée. A sa faveur se réalisa le transfert massif de quelques 1200 entreprises publiques d’une valeur supérieure à 24 milliards de dollars, y compris tout le système bancaire, en voie de transfert vers les investisseurs étrangers. Actuellement, les organismes patronaux qui les représentent exigent la privatisation immédiate de la pétrochimie, du gaz naturel et de la CFE, pour "restaurer l’équilibre des finances publiques" avant l’effondrement des prix du pétrole. Refusant d'admettre que les subventions publiques au sauvetage des banques et à l'amélioration du réseau public ont un coût trop excessif, ils ne sont aucunement disposés à les sacrifier ni à informer le public de certains schémas financiers (qui ont circulé il y a peu de temps) pour brader toute l’infrastructure énergétique du pays au travers des adjudications de Wall Street.

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L’un d’entre eux fut élaboré, par Aeicon Corporation, Agincourt Ltd et Ridgewood Group International.Il permettait la création du Mexico Energy Export-Oriented Development Program , sous l'égide du Investors Guaranty Fund Ltd (IGF), chargé de la capitalisation du programme grâce à la vente des MEXDS GIA, c'est à dire des "dénominations en dollars pour des contrats d’investissement ayant une qualification AAA". On pensait capitaliser une partie des MEXDS GIA sous forme de prêts de la part du BM-BID et une autre partie par l’intermédiaire des "investisseurs institutionnels". Pour des motifs patronaux et stratégiques, Washington a besoin d’avoir le secteur énergétique mexicain dans la poche de ses investisseurs, afin que tout soit prêt pour procéder à la première étape de l’adjudication des actifs de Pemex, de la pétrochimie, du gaz naturel et de la CFE pour 9 milliards de dollars.


L’ALENA et l’insurrection zapatiste

-VI-

Il est fréquent d’entendre et de lire des politiques et des spécialistes de différents bords idéologiques affirmer que, depuis la mise en place des régimes néolibéraux au début des années 80, l’Etat du bien être a été abandonné. Si on compare les politiques et conditions actuelles avec la situation précédent le régime néolibéral, il est certain qu’on enregistre une augmentation - jusqu’ici inégalée - en millions de nouveaux pauvres, incluant une détérioration de la classe moyenne ainsi qu’une chute marquée de l’aide sociale (entre-autres), mais il faut reconnaître qu’au Mexique comme dans tout le reste d’Amérique Latine il serait exagérer de penser qu’à un moment donné nous ayons vécu dans un véritable Etat de bien-être du genre keynésien. Ceci est corroboré par la comparaison des chiffres de la dépense publique - incluant la dépense sociale - rapportée au PNB en Europe ou même aux États Unis, avec ceux de l’Amérique Latine. Même pendant le régime Thatcher, en Grande Bretagne, la dépense publique représentait 47% du PNB, dont 27% étaient destinés à la dépense sociale et, dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la Hollande, la France ou la Belgique, ces pourcentages sont supérieurs à 50%.

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Même au Mexique le niveau de la dépense sociale antérieure aux régimes de type "néoporfirien" était plus important et n’incluait pas le massif et coûteux schéma de relations publiques qui a caractérisé les programmes conçus par la Banque Mondiale, comme Solidaridad ou Procampo, en réalité conçus pour promouvoir les intérêts politiques et électoraux du parti officiel dans les villes et les zones rurales. L’utilisation patrimonialiste des fonds publics exacerbe toujours plus les niveaux de frustration politique à l’échelon national. En 1980, l’investissement public dans le secteur social atteignit les 3200 millions de dollars et durant la dernière année du gouvernement de Lopez Portillo elle augmenta jusqu'à 3500 millions. Mais en 1993, ce chiffre s’était réduit à 1 960 millions. De 1989 à 1993, les programmes régionaux de Solidaridad au Chiapas ont atteint les 527,5 millions de dollars, mais les pertes des salariés selon les estimations de José Luis Calva, ont été d’un peu plus de trois millions de dollars pour cette même période.

Ce n’est pas un hasard si l’insurrection chiapanèque coïncide avec la mise en application officielle de l’ALENA, le 1° janvier 1994. Le lien entre les deux actes se relie en plus avec divers processus et événements où il incombe de mentionner les problèmes causés par la politique de contrôle salarial et la crise du marché du café qui affecta à près de 60000 petits producteurs de tout le Chiapas. La crise fut le résultat du refus par Salinas de l’Accord International du Café, pour accomplir les requêtes formalisées dans l’Appendice 702.3 de l’ALENA (où le Mexique s’engageait à ne pas s’associer à d’autres producteurs pour restreindre les exportations et donc à ne pas affecter le cours mondial du café). Mais, comme le note Clava, la clause du café ne fut pas l’unique raison du rejet de l’ALENA par les Indiens; les paysans avaient déjà subi les effets de la libéralisation commerciale sur les prix d’autres produits tels que la viande, le soja, le mil, la banane et le cacao. L’effondrement du prix du marché de ces produits réduisit encore plus le revenu du paysan et le secteur agricole de l’économie s’effondra au plan national.

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Mais le fait central est que la politique économique en vigueur dévie de façon massive le budget national vers la dépense non productive (paiement du service de la dette, secours bancaires, etc...) et par voie de conséquence, l’aide publique globale mexicaine chute de 60,4% entre 1981 et 1992, l’aide destinée au secteur agricole chutant brutalement de 79,04% durant cette même période.

La Revanche de don Porfirio

-VII-

La contre-réforme agraire irréfléchie de l’article 27 de la Constitution et la chute de presque 80% de l’aide publique au secteur agricole en une décennie sont les deux initiatives conçues par le FMI et la Banque Mondiale et appliquées par les gouvernements néolibéraux qui agissent comme facteurs déclenchants de la guerre civile parce qu’elles ont provoqué la plus importante crise de l’agriculture mexicaine depuis la Révolution de 1910. Les petits producteurs de tout le Mexique affrontent maintenant la compétition des importations à bas prix des grains des EU, comme le maïs, alors que la subvention gouvernementale au prix du grain - suivant des alignements auparavant convenus avec la BM- a été interrompue de façon brutale. Selon d’autres paramètres statistiques, si l’aide publique au secteur agricole par des crédits, des transferts fiscaux ou d’autres aides publiques représentait 2,5% du PNB en 1982, en 1991 elle était tombée à 0,7%.

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Ce qui est progressivement arrivé à l’agriculture mexicaine pendant le mandat saliniste a été proprement qualifié de "Revanche de don Porfirio" par un participant américain au séminaire, non seulement à cause du programme massif de privatisations, mais aussi parce que, selon de nombreux observateurs externes, cela apparaissait comme une contre-réforme agraire de grandes dimensions. Les changements à l’article 27 apportés par Salinas et sa majorité législative, même s’ils avaient été auparavant décidés avec le FMI-BM, finalisent formellement la réforme et la répartition agraire, en éliminant le concept de "propriété sociale" et en laissant les ejidatarios et les petits agriculteurs à la merci des "forces du marché". Il s’agit d’un "compromis" avec le FMI et la BM que l’actuel gouvernement entend maintenir contre vents et marées, même face au risque d’un conflit militaire aux conséquences imprévisibles, comme l’ont clairement laissé entendre les déclarations d’E. Rabasa, commissionnaire spécial pour la paix au Chiapas, faites au quotidien espagnol El Paìs concernant l’ "impasse" des négociations des Accords de San Andrés, dans le sens où la "collectivisation" de la terre ne serait pas admise.
De fait, on observe une augmentation substantielle des grosses propriétés terriennes et une offensive agressive des "agribusiness" étrangers. Les effets sociaux et politiques résultant de la chute de l’aide publique dans le secteur agricole ont amené la BM à concevoir (et le gouvernement de Salinas à appliquer) le Procampo, un programme d’urgence de 3 500 millions de dollars, conçu à la fois pour affronter l’influence des paysans, mais surtout neutraliser le coût électoral des politiques régressives appliquées au secteur agricole.

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Un document confidentiel, préparé par les conseillers économiques de l’ambassade américaine, affirme que ce programme "est un instrument créé sous l’influence de l'ALENA pour minimiser la douleur du secteur rural face à l’ouverture du marché ... la transformation économique de la campagne vers le secteur privé ayant eu des conséquences catastrophiques sur la population rurale mexicaine qui a peu de possibilités de se moderniser dans le cadre du TLC ".

Les États-Unis et la Déstabilisation du Secteur agricole

-VIII-

L’attention est sans cesse attirée sur le fait que, si le gouvernement des États Unis et le binôme FMI-Banque Mondiale sont à l’origine, via l'ALENA, du programme saliniste de privatisation rurale et de sa contre-réforme de l’Article 27 de la Carta Magna, dans un document privé diffusé par la presse, les conseillers économiques de l’ambassadeur Jones alors en place reconnaissaient qu’une telle politique agricole "... avait contribué à fomenter l’instabilité sociale et donc à impulser la rébellion zapatiste". Comme la privatisation agraire est arrivée presque simultanément avec les élections présidentielles, ces mêmes analystes précisent que Procampo, le programme de "modernisation" agricole conçu et financé par la BM coïncidait "... avec une année électorale, le gouvernement ayant l’obligation, au moins temporairement, de calmer les problèmes ruraux pour garder l’avantage électoral dont il profite traditionnellement dans les zones rurales".

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Le document indique que les États Unis "seront les plus grands bénéficiaires des effets du Procampo, car le changement opéré dans la politique agricole mexicaine favorisera à cours terme une plus grande importation de maïs et de frijol… de même l’orientation des cultures mexicaines vers d’autres produits de base - comme le blé, le mil, le soja, le riz et le coton – permettra, pour des placements à moyen et long terme, une augmentation de la demande supérieure à la capacité de production nationale mexicaine et par voie de conséquence, une augmentation des exportations américaines". Ainsi les intérêts à court terme des exportateurs céréaliers américains s'opposent à la prise en compte du climat d’explosion rurale et urbaine secondaire aux programmes d’ajustement structurel et aux privatisations du FMI. Il est à noter que les conséquences, au niveau de la "sécurité nationale", issues d’une politique tendant à provoquer le départ de millions de paysans mexicains vers les villes et vers les États Unis, sont combattues par ce même gouvernement qui les favorise, au moyen d’une militarisation sans précédent et la construction d’un mur semblable au mur de Berlin, le long de la frontière EU - Mexique.

Dans le cadre des plans de contingence nord-américains pour la période critique des plus récentes élections présidentielles du Mexique et pour anticiper un mal être chaque fois plus important de la population rurale et urbaine soumise par le FMI-BM et ses "country managers" locaux à une véritable guerre économique, le gouvernement de Clinton en est venu à autoriser l’exportation d’équipements militaires destinée à favoriser une meilleure mobilité et une plus grande puissance de feu des Forces Armées Mexicaines (FAM) en augmentant leurs capacités à contrôler les grèves et en transférant d’autres technologies pour juguler les expressions du mécontentement rural et urbain.

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Selon le " San Antonio Express News ", durant les trois premiers mois ayant suivi le début de la rébellion zapatiste, Salinas a importé 3 000 véhicules des EU alors que le Pentagone profitait de la situation pour augmenter son influence sur les FAM en favorisant les fonctions policières de contre-insurrection dans un contexte de stratégie économique propice aux affrontements avec les forces populaires.

L’Etat "Consulaire"

-IX-

Le directeur général de l’IMSS a récemment déclaré devant le Pouvoir Législatif que c’est une "absurdité" d’accepter que le crédit de 700 millions de dollars alloué par la BM et géré par la SHCP soit soumis à conditions. Le directeur général a mis en doute la véracité d’un document porté à la connaissance de la presse détaillant les tenants et aboutissants du prêt, "parce qu’il n’est pas officiel". Je ne crois pas que, dans le cas de l’IMSS et en considérant l’action de la BM durant ces quinze dernières années, celle-ci se soit soudainement transformée en une entreprise philanthropique. Des documents officiels de la BM indiquent qu’une grande partie de ses prêts prépare les conditions de la "modernisation" des entreprises et institutions "favorisées", ce que la BM traduit explicitement comme la privatisation au bénéfice des entreprises "nationales et/ou étrangères".

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Le Sénat comme la Chambre des Députés feraient bien d’exiger une enquête sur la longue liste des "prêts" contractés sous hautes conditions, car l’augmentation de l’ingérence des institutions directement liées à la Maison Blanche, comme le FMI-BM et le BID sur la direction économique du Mexique, loin d’être restreinte au seul secteur agricole par l’intermédiaire de la conception et de l’application du Procampo, touche aussi - depuis la négociation de la dette de 1982 – de manière directe, la politique budgétaire de la Fédération, en agissant sur l’orientation stratégique à adopter dans les grandes entreprises et les secteurs de l’économie, comme Pemex, la CFE et les Chemins de Fer.

La politique d’investissements étrangers et de commerce extérieur, la dénationalisation et la privatisation des entreprises publiques n’ont pas été des procédés répondant aux effets d’une abstraite "globalisation" et obéissant aux critères, aux modalités et aux rythmes endogènes, mais obéissent aux nécessités temporelles et matérielles des EU exprimées au moyen de "prêts" et de "paquets de secours", sous hautes conditions et avec une grande force de persuasion.

*
Selon les documents officiels de la Division du Commerce, des Finances et des Industries de la BM, l’obtention des crédits a été fortement conditionnée à la politique d’ouverture commerciale unilatérale mise en place depuis 1986, A ces conditions imposées par le FMI – visibles essentiellement dans la politique macro-économique - s’ajouta la manipulation de branches économiques et d’entreprises présentant un grand intérêt pour les grandes firmes des créditeurs, au travers de prêts dépendant de la BM dans des domaines allant de la politique commerciale et de la politique des exportations, en passant par l’industrie minière et la pétrochimie, aux programmes pour la "modernisation" des routes, des ports, des chemins de fers, des aéroports, des usines de production électrique ainsi que la politique municipale, le transport urbain, l’extension agricole, la maintenance des routes, la formation de la main d’œuvre, la "restructuration" des secteurs agricole, de l’acier et des fertilisants, la réhabilitation portuaire, la construction de logements, la conception de programmes de promotion de cette politique économique, l’assistance sociale, la lutte contre l’extrême pauvreté, la dérégulation financière, administrative et industrielle et celle des transports de biens et personnes.

Remise des Lignes de Commandement

-X-

A mesure que le pays oriente de manière irrationnelle son aide publique vers le paiement de la dette ou du sauvetage bancaire, au cours des 16 dernières années, l’influence du FMI et de la BM sur les branches économiques présentant un intérêt majeur pour les entreprises des créditeurs a augmenté de façon proportionnelle. De 1982 à 1990, les prêts sectoriels de la BM ont augmenté jusqu’à plus de 11,5 millions de dollars et - selon les informations de la Division du Commerce, de la Finance et de l’Industrie - ce chiffre a plus que doublé durant l’actuelle décennie. Les prêts incluent différents éléments dont l’exécution est conditionnée par les objectifs et les calendriers fixés par la BM et dont l’évaluation, le contrôle et la surveillance dépendent de ses propres missions techniques. Pratiquement tous les Secrétariats d’Etat, les Directions et Sous Directions, les entreprises publiques et de nombreuses entreprises privées entretiennent une relation directe ou indirecte avec la BM, que ce soit sous forme d’inspection, de supervision, d’assujettissement ou d’examen minutieux.

*
Ce type de "gouvernement parallèle", imperceptible pour l’opinion publique et apparemment hors du contrôle législatif, ne se limite pas au Mexique. Grâce au FMI, à la BM et au BID, Washington a établi un tissu administratif complexe et vaste qui lui permet d’influencer l’administration publique latino-américaine de façon directe et détaillée selon un schéma dont la dynamique peut être mise en parallèle avec les structures d’impérialisme colonial appliqué par Londres (durant la période d’apogée de l’empire britannique). Les instruments de projection et d’influence du pouvoir ne sont pas restreints au seul cadre économique mais s’étendent aussi à la politique internationale et à la "sécurité intérieure".

Les instruments "inter-américains" forgés par les États-Unis sont le fer de lance du schéma commercial, de la politique d’investissement et du schéma "politico-militaire" issus de l'ALENA et ils constituent un schéma complexe de relations entre la métropole et "sa" périphérie en termes d’influence et de croisement dans les lignes de commandement. La compréhension du phénomène s’acquiert en traduisant le langage technique et spécialement les métaphores utilisées par le FMI, la BM ou le Pentagone pour se référer à des aspects politiquement plus délicats, comme par exemple les problèmes de "sécurité" dérivés du transfert de direction, de contrôle et d’usufruit des grands complexes économiques et territoriaux du Mexique au travers de la "privatisation" des secteurs ferroviaire, électrique et pétrolier, en faveur des entrepreneurs étrangers, essentiellement américains.

A la base de ce processus, il y a l’acceptation par les trois derniers gouvernements mexicains des programmes d’ajustement structurel dont la pierre angulaire est la transformation du Mexique ( et de l’Amérique Latine) en " vassal " des États-Unis où pays et région deviennent grands exportateurs de capitaux grâce à la dette extérieure devenue prioritaire pour les gouvernements sur toute considération politique, sociale ou constitutionnelle.

Fragilisation Financière

-XI-

Sous la pression de la crise de 1982, des prêts furent accordés par le FMI en échange de l’application d’un programme strict de stabilisation et d’ajustement structurel grâce auquel Washington peut profondément influencer la politique économique mexicaine et favoriser plus particulièrement la participation des investisseurs et des entreprises étrangères selon ses intérêts géostratégiques, dans les secteurs de l’énergie ou du transport par exemple. La dépendance croissante en ressources minières et en pétrole a conduit les États Unis à regarder le Mexique avec ses ressources minières et pétrolières importantes, "avec d’autres yeux" et dans le même temps à mettre en marche les instruments leur permettant de "surmonter" les obstacles relatifs à l’accès et au contrôle de ressources normalement interdites - de façon constitutionnelle - à l’investissement privé.

*
La large gamme des accords avec le FMI et la Banque Mondiale, qui se sont poursuivis les quinze années suivantes, incluait une réduction massive des dépenses publiques, des réformes fiscales, des restrictions au crédit, l’acceptation du plafonnement salarial, la libéralisation commerciale, l’investissement au travers de la privatisation des entreprises publiques, ce qui à l’époque s'est traduit par une croissante "dénationalisation" du processus de prises de décision en matières économique et budgétaire, ceci de façon cruciale, dans le dessin budgétaire de la Fédération ainsi que dans celui des grandes structures para-étatiques - mais il y a d'autres exemples d'interventions -. Le FMI a réussi à accomplir l’un de ses principaux objectifs durant la première année du sexennat saliniste.Selon Alejandro Nadal Egea, l’Extended Facility Agreement de 1989 constitue un " événement historique " à l'origine d'une profonde "réforme" du système financier national : c'est à dire un système financier national subordonné au FMI (en ce qui concerne la privatisation et la participation de capitaux étrangers aux organes du crédit et du dépôt - nationalisés par JLP-) qui admette de limiter les règles et les lois s'opposant à l’investissement étranger et qui permette une libéralisation commerciale accrue.

L’actuel processus de privatisations est à la base de la vulnérabilité financière engendrée par l’Extended Facility Agreement. Ainsi, l’ouverture commerciale unilatérale réalisée par le gouvernement de De La Madrid en échange des "prêts de politique commerciale" de la Banque Mondiale s’est traduite par une aggravation du déficit commercial et un sérieux affaiblissement de milliers de petites et moyennes entreprises, phénomène qui continuera pendant les années 90. Quant au déficit budgétaire massif, conséquence de l’orientation des fonds publics vers le paiement de la dette extérieure - et ultérieurement celui des coûteux programmes de sauvetage du secteur financier privatisé - il était corrigé en catastrophe au moyen de perfusions massives de capitaux étrangers, essentiellement sous forme d’actions.

La Capitulation.

-XII et dernier-

De juin 1990 à juin 1994 l’entrée de capitaux étrangers a atteint 91,7 millions de dollars, 77% sous forme de portefeuilles d’actions, capables de s’envoler en quelques secondes. La vulnérabilité financière a ouvert les portes en grand aux actions et capitaux étrangers. Tout un programme interventionniste s'est mis en place pour aider les gouvernants mexicains subordonnés à sortir la tête de l'eau ( en échange d’un autre grand programme de privatisations ) et pour secourir les institutions financières, les fonds de placement mutualistes et les centaines de milliers d’ambitieux investisseurs nord-américains uniquement préoccupés par la spéculation et les plus-values juteuses du marché mexicain émergeant, pendant l’ère saliniste, le plus prometteur et le plus chaud du Tiers Monde .

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On peut rappeler que la mutation du système Bretton Woods, au début des années soixante-dix, manifestée par des changements d’ordre politique, d'ordre social et le caractère conflictuel croissant entre nations capitalistes, était en réalité secondaire à une grave crise d’accumulation qui entraîna une véritable "guerre de conquête" des zones auparavant fermées à l’investissement - comme les entreprises publiques -. Le FMI, la BM et le BID se consacrèrent avec une attention toute particulière à la "création des conditions favorables aux privatisations". Sous la pression générée par cette vulnérabilité économique, Washington avait imposé deux grands programmes (menés respectivement par le delamadridisme et le salinisme) de privatisation des entreprises publiques convoitées. Sous les effets de la débâcle financière de décembre 1994, on a instauré une troisième vague de privatisations notamment des entreprises publiques de la Nation. Zedillo maintient une politique d’ouverture non discriminative au capital spéculatif et continue à sacrifier le patrimoine national et les salaires, majorant les risques de "criminalité rurale et urbaine" et d'explosion sociale engendrée par les programmes d’ajustement structurel du FMI ainsi que les risques de jeter à nouveau le pays dans un nouveau dénuement (le déficit du compte courant est déjà de 14 milliards de dollars, il dépend de capitaux volatiles, comme s’il ne s’était rien passé depuis 1982 et qu’il existait dans les circuits officiels une prédisposition à ne rien apprendre des grands traumatismes : non seulement on persiste, mais en plus on augmente de façon vertigineuse les subventions accordées au monumental effondrement d’une banque privatisée, peu professionnelle, favorable à la spéculation effrénée et à la corruption).

*
C’est dans ce contexte qu’est signé le Mémorandum de Politiques Économiques en janvier 1995, rédigé par les conseillers de la BM et dont le sous-alinéa 17 fait la synthèse de la capitulation économique en ces termes : "Le gouvernement du Mexique a décidé d’accélérer les réformes structurelles dans les secteurs du transport, des télécommunications et de la banque... Le Président a envoyé au Conseil des propositions d’amendements constitutionnels qui permettent l’investissement privé dans les chemins de fer et les communications par satellites. Le gouvernement ... favorisera également l’investissement privé dans les usines d’énergie électrique et a proposé au Conseil des modifications légales permettant une plus grande participation étrangère dans le système bancaire, en conformité avec le Traité de Libre-Commerce. On accélérera aussi le processus initié pour privatiser d’autres entreprises d’Etat comme les ports, les aéroports et les usines pétrochimiques ".

Crisis nacional: Precipitantes de Guerra Civil

John Saxe-Fernández
Publicado semanalmente en Excélsior,
entre el 27 de febrero y el 22 de mayo de 1998

Nota: Este no es un documento oficial del Ejército Zapatista de Liberación Nacional (EZLN) y, por lo tanto, no refleja necesariamente la posición del EZLN con respecto al tema tratado. El contenido de este documento ha sido considerado de interés general por parte del Comité Editorial de ¡Ya Basta! y por eso ha sido incluido aquí. El contenido del mismo es responsabilidad del Comité Editorial de ¡Ya Basta! a menos que se especifique lo contrario.


HACE una semana tuve oportunidad de participar en un seminario sobre Chiapas, el TLC y la Violación de los Derechos Humanos en México, organizado por una universidad canadiense. Junto con Donald Schultz, del Instituto de Estudios Estratégicos del Ejército de Estados Unidos, quien, a título personal, hizo lo propio desde la perspectiva estadunidense, me correspondió el análisis sobre los asuntos de seguridad, relacionados con el TLC. Nuestros enfoques tuvieron importantes diferencias interpretativas, especialmente en lo relativo a la naturaleza y los objetivos de la política exterior de Estados Unidos hacia México y el resto de América Latina. Pero el hecho es que, tanto desde el punto de vista de Schultz, como del mío, los principales retos a la "seguridad nacional mexicana" tienen como uno de sus principales elementos causales la profunda desestabilización social y política acarreada por la estrategia económica que se ha estado aplicando desde principios de los ochenta.
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TODAS las advertencias sobre los peligros que acarreaban a la estabilidad social y política mexicana los esquemas económicos del binomio FMI-Banco Mundial aplicados por los tecnócratas locales con el entusiasmo y la diligencia propios de quienes actúan como "country managers" en un gran esquema de corte colonial, también fueron soslayados por el gobierno demócrata de Clinton. A principios de 1993, el conocido analista estadunidense Walter Russell Mead advertía sobre los retos que encaraba EU en México: el país podía convertirse en un "dolor de cabeza", porque "una década de reformas económicas todavía no producen beneficios políticos o económicos para la mayoría de los mexicanos". Russell Mead advertía que, si el TLC fracasaba en llevar el bienestar a la mayoría de la población, "la crisis latente del sistema mexicano se agudizará... Es casi cierto que el TLC no sea la respuesta a esta profunda crisis de la sociedad mexicana. La inestabilidad real y el conflicto civil en México —ambas posibilidades claras en la próxima década— enfrentarán a EU con una verdadera pesadilla".
En verdad, el tipo de política económica que desembocó en el TLC, un esquema de integración subordinada que codifica las abismales asimetrías entre nuestra nación, latinoamericana y subdesarrollada, con dos de las principales potencias económicas del orbe, es uno de los principales precipitantes de la desestabilidad que hoy aflige a México, desde Chiapas hasta la frontera norte y del Golfo al Pacífico, porque generó desempleo y subempleo, polarizó todavía más el ingreso y ha aumentado de manera inusitada y sistemática los niveles de frustración social. Tampoco tuvimos que esperar una década para que la explosividad acumulada en la brutal política económica centrada en el despojo salarial y en la subasta del patrimonio de México para beneficiar a una mimada plutocracia apátrida, adquiriera una expresión militar: pocos meses después de que se publicó el excelente trabajo de Russel Mead, estallaba la insurrección chiapaneca, mientras la Casa Blanca y sus empleados locales prosiguieron, impertérritos, aplicando los mismos recetarios que han devastado la economía del pueblo mexicano, especialmente de campesinos, obreros y, crecientemente, de la clase media y de decenas de miles de pequeños empresarios.
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ES cierto que la rebelión chiapaneca tiene raíces profundas en una historia colonial de violencia, expropiación violenta de la tierra e indignidades sufridas por la población india, y que tales daños no los subsanaron los gobiernos emanados de la Revolución, cuyas prácticas políticas y económicas se orientaron al beneficio de los terratenientes, los ganaderos y todos los grandes intereses dedicados a la explotación forestal o mineral.
Una cruda coalición de estos grupos, fundada en la explotación política y en las inequidades del caciquismo, con sus "guardias blancas", estaban y están en la base del orden de dominación en Chiapas. Las estructuras agrarias y sociales derivadas de la modernización capitalista sólo beneficiaron a una pequeña minoría y proletarizaron a vastos sectores campesinos, no sólo en ese estado, sino también a lo largo y ancho del país, como nos describe este proceso José Luis Calva, en La disputa por la tierra (Fontamara, 1993).

—II—

EN el país, y específicamente en Chiapas, las condiciones generales de frustración social han estado presentes largo tiempo, pero los actos que de manera directa incitan la rebelión chiapaneca están íntimamente vinculados con el TLC y los programas económicos auspiciados por EU mediante el Banco Mundial y el Fondo Monetario Internacional y concretados gracias al "quintacolumnismo neoliberal'' que se asienta en el poder desde el delamadridato y que a quienes Manuel Buendía, con ironía histórica, calificó como "los neopolkos''. Caben dos aclaraciones: cuando menciono al FMI-BM no hago referencia, de manera estricta, a "instituciones financieras internacionales o multilaterales'', como se les califica usualmente, porque estamos en presencia de instrumentos para la proyección de poder de lo que el historiador Arthur Schlesinger ha calificado como "la presidencia imperial'' en un famoso tomo publicado en 1973.
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LA otra aclaración es que, en sentido estricto, la única "presidencia imperial'' existente en el hemisferio occidental está asentada en la Casa Blanca. Lo que tenemos en Los Pinos, dado el predominio del Ejecutivo sobre el Legislativo y el Judicial, es una suerte de "autocracia presidencial''. Abundan ejemplos de cómo la Casa Blanca utiliza al FMI-BM en operaciones unilaterales e intervencionistas, como lo fue la veda de todo crédito cuando Nixon decidió "desestabilizar'' al gobierno de Salvador Allende. En ese entonces, el accionar del FMI-BM se "integró'' al esquema "golpista'' de guerra política, económica y sicológica de la CIA y el Pentágono, articulado por Kissinger y los carniceros de turno al margen del derecho constitucional, penal, e internacional y posteriormente de toda la normatividad generada por los juicios de Nurenberg.

De igual manera, uno se pregunta, ¿qué hacen instituciones presuntamente "multilaterales'' o "interamericanas'', como el BM, el FMI y el BID, en los esquemas unilaterales de "certificación'' elaborados por EU para la ampliación "de facto'' de su jurisdiccionalidad, con la excusa de la guerra contra el narcotráfico? Hechas estas aclaraciones, entonces resulta de inusitada relevancia auscultar, tanto los factores endógenos, como los efectos social y políticamente desestabilizantes de los programas de privatización y de ajuste estructural (PAE) del FMI-BM y, de manera particular, el impacto de los esquemas de "modernización agraria'', en la etiología de la militarización del conflicto chiapaneco, que tiende a generalizarse al resto del país. El paquete de "ajustes'' que incluye la brutal reducción de las inversiones públicas, el encauzar los recursos gubernamentales y privados hacia el pago de las deudas externas, la extranjerización de las principales empresas y la liberación de precios, junto con el control salarial para reducir la inflación y así aumentar la "competitividad internacional'' de los productos mexicanos de exportación, tuvieron efectos devastadores sobre el pueblo como un todo.
Los recetarios del FMI-BM propiciaron una declinación profunda en los ingresos reales. Un estudio realizado en 1984 por el Instituto Nacional del Consumidor, cuando De la Madrid era Presidente y Salinas una figura clave de su gabinete, mostraba que ya un alto porcentaje de familias de bajos ingresos habían renunciado al consumo de carne (11.4%), leche (7.5%), pescado (6.7%) y frutas y vegetales (3.3%). Estudios del BM corroboraban que los salarios reales se habían desplomado a lo largo de los 80 y que la mayor declinación se detectaba precisamente en el sector agrario. Ya para 1989, en México y en la región latinoamericana, los efectos de los PAE eran abismales y los analistas advertían que "un inmenso grupo, entre 60 y 80% de la población, sufre una situación que se acerca a la desesperación observada en el Africa sub-Sáhara o en Bangladesh''. La declinación de los ingresos reales no se limitó a las clases más desposeídas, sino que empezó a afectar, y de manera profunda y acelerada, a los sectores medios. A la "jornalerización'' del campesinado se agregó la "proletarización'' de la clase media mexicana, un proceso que se acentuó de manera desmedida durante el salinato, evocando las advertencias hechas por Crane Brinton en Anathomy of Revolution, sobre el deterioro de la clase media como un tema recurrente en la etiología de la revolución cromwelliana, estadunidense, francesa y rusa.

La Frustración Acumulada

— III —

EL desplome de la inversión pública en el sector agropecuario, la irreflexiva contrarreforma agraria salinista al artículo 27 constitucional y la entrada en vigor del NAFTA se combinaron para actuar como detonantes en un medio altamente volatilizado por los efectos acumulativos de frustración socioeconómica de los Programas de Ajuste Estructural (PAE) del FMI y el BM. En el caso de Chiapas, la declinación de los salarios reales fue más devastadora debido a la alta proporción de "jornaleros", es decir, de aquellos dependientes de un salario. Cuando el salario mínimo fue dramáticamente reducido, se tradujo en un desplome del estándar de vida del campesinado chiapaneco, estimado en 64.7%. En relación con los estándares de vida de 1970, el PAE redujo los salarios reales cerca de 60%, según datos elaborados por el INEGI. Los estudios económicos contribuyen de manera decisiva a dilucidar el panorama, porque indican que las políticas altamente recesivas implantadas desde el 83, el colapso de los precios del café en el mercado internacional y la apertura unilateral del mercado interno, expresaron en creciente desempleo y subempleo. Como resultado de estas tendencias, una alta proporción del campesinado chiapaneco sufrió reducciones de 50% de su salario mínimo, o sea, menos de 1.74 dólares diarios. Los datos ofrecidos por Calva indican que este fue el caso para 38.8% de la población, y otro 36.6% ganaba entre 1.74 y 3.48 dólares diarios.
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ASI, las políticas económicas de los últimos tres sexenios, que están en el corazón mismo del trauma nacional, difícilmente pueden ser concebidas como una "revolución económica pacífica", término usado por Clinton cuando Carlos Salinas era objeto de gran reverencia de los medios de comunicación, del gobierno y de las universidades de EU, que le ofrendaban mensualmente doctorados honoris causa. La nación padece de una chocante y traumática involución y regresión. Chiapas es un síntoma de una condición generalizada que afecta los fundamentos mismos de la sociedad mexicana, porque los principales factores responsables de la rebelión zapatista se encuentran por doquier.
Carlos Montemayor, conocido estudioso de los movimientos guerrilleros mexicanos y autor de La guerra del paraíso, en el que analiza algunas de las características antropológicas más importantes de la estructura social chiapaneca, ha indicado que el EZLN no es más que la punta del témpano del malestar popular y de la rebelión, y tiene razón. Argumenta que ha habido un largo periodo de incubación que hace que tales movimientos sean altamente resistentes a la represión. También son resistentes a acciones impuestas desde afuera de la comunidad de lucha y, sin duda, no son el producto de fuerzas externas, como se ha querido caracterizar a los zapatistas, este último un tema rigurosamente estudiado, desde una perspectiva antropológica, por Miguel Bartolomé, en su reciente libro, Gente de costumbre y gente de razón (Siglo XXI).
Las precondiciones de guerra civil, es decir, las "variables independientes" involucradas en el fenómeno, no se restringen a Chiapas, porque la frustración social, económica y la de las aspiraciones políticas, es una característica generalizada del panorama nacional, de tal suerte que los PAE, así como las masivas privatizaciones que desembocan en la entrega del patrimonio nacional, junto con despidos sumarios y masivos de ferrocarrileros, petroleros y electricistas, el desempleo y el subempleo, entre otros, han fungido como principales precipitantes del conflicto social y del notable incremento delicuencial. Al respecto, el concepto de "privación relativa", en su expresión actual, de frustración acumulada, es esencial en cualquier diagnóstico de los orígenes de la rebelión zapatista.
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ESTO quiere decir que no es la pobreza absoluta la responsable de precipitar la guerra interna, sino las percepciones sociales relacionadas con la discrepancia entre las expectativas valorativas de la comunidad y las capacidades valorativas. Las primeras se refieren a los bienes y condiciones de vida a los que la población cree tener el derecho, mientras que las segundas son los bienes y condiciones sociopolíticas y de bienestar sicológico y cultural que son capaces de obtener y mantener como propios.

La Redistribución Regresiva

— IV —

LA "privación relativa", es decir, la brecha entre los bienes y condiciones de vida a los que la población cree tener derecho y lo que realmente obtienen, ha observado una profundización acumulada con la aplicación de continuos programas de ajuste estructural. Es esta discrepancia la principal causante del malestar sicosocial y, en este sentido, la "privación relativa" puede ser mayor en estados como Chihuahua o Coahuila, con estándares de vida más altos que los observados en las regiones donde prevalece una mayor pobreza absoluta. Sin embargo las aspiraciones profundamente enraizadas en la conciencia nacional, como las de "tierra y libertad", han incrementado a lo largo y ancho del país la percepción sobre la ilegitimidad de la constitucionalización del contrarreformismo agrario fondomonetarista aplicado por Salinas al artículo 27 de la Carta Magna. A esto es necesario agregar la debilidad objetiva que se deriva de la igualmente generalizada percepción sobre las políticas de distribución regresiva del ingreso, acompañada de un insolente programa de "bienestar social invertido" ("an upside down welfare state"), es decir, dedicado al subsidio, rescate y apoyo de neobanqueros en los que ya nadie confía, o de empresas acostumbradas al apapache oficial y a los rescates mineros o carreteros.
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EL programa para combatir la "pobreza extrema", diseñado por el Banco Mundial y conocido bajo diversos nombres ("Solidaridad", "Procampo", etc.), lejos de alejar la frustración popular y de los campesinos ha tenido efectos desastrosos. Esto se debe fundamentalmente al hecho de que ha sido incapaz de contrarrestar los efectos generalizados de la política de topes salariales y de despidos masivos, estos últimos como parte de los compromisos contraídos por el gobierno salinista y el actual con los inversionistas "nacionales y-o extranjeros" interesados en la compra "libre de pasivos laborales" de los Ferrocarriles, de la CFE y de las partes en que ya ha sido desmembrada Pemex. La contracción fondomonetarista de los salarios ha sido tan brutal como irracional. Durante el periodo 1970-1982, los datos del INEGI indican que los salarios representaron cerca de 37.1% del PNB, mientras que entre 1990 y 1994 habían descendido a sólo 25.8%. Utilizando esta información, el economista José L. Calva calcula que, entre 1983 y 1993, los asalariados mexicanos perdieron el equivalente a 246,900 millones de dólares y que, durante los cuatro primeros años del salinato, la pérdida fue de 160,900 millones. Con Solidaridad sólo se recuperó poco más de 4% de lo perdido por los asalariados. Los analistas frecuentemente clasifican las políticas de desarrollo en dos tipos. El desarrollo que fragmenta, es decir, que concentra la riqueza y polariza la sociedad, y el que integra, o sea, que tiende a promover la equidad económica. La política de FMI-BM aplicada por los tres más recientes gobiernos mexicanos es decisivamente del primer tipo. Al concentrar la riqueza en medio del crecimiento inusitado de la pobreza, se ha propiciado la violencia social y, en vez de cambiar este rumbo, se acelera el proceso fragmentador por medio de una igualmente inusitada militarización de la acción gubernamental para encarar las consecuencias del programa económico estadunidense. En 1984, el ingreso de 10% de las familias más pobres de México representó 1.72% del PNB y, en 1989, después de grandes esfuerzos del delamadridismo, se redujo a 1.58% y, para 1992, era de 1.55%.
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EN contraste, el ingreso de 10% de familias de mayores ingresos aumentó su participación en el PNB al pasar de 32.7% en 1984, a 37.93% en 1989 y a 38.16% en 1992. Datos recabados del Banco de México y de la Bolsa Mexicana de Valores indican que la concentración de la riqueza auspiciada por este "modelo neoporfirista" ha llegado a niveles difíciles de imaginar. En 1994, sólo 0.2% de la población, la crema de una mimada plutocracia, controlaba 51.11% de los activos del país, una cifra que se acrecentó durante la actual administración ya que se dedican a hacer negocios con sus socios de EU, con los pedazos en que fueron desintegrados los Ferrocarriles Nacionales y, no satisfechos con ello, ahora, "exigen" la privatización total de Pemex y de la CFE.

El Neoporfiriato Capitulacionista

— V —

Al senador Conchello.

"UNA pequeña pero poderosa oligarquía se había formado alrededor del Presidente, quien les había otorgado el derecho de enriquecerse. Este pequeño grupo poseía toda la riqueza del país; sus miembros daban preferencia a sus amigos en la distribución de la prosperidad. Cliques surgidas a la sombra de los bancos... monopolizaban todas las ganancias y hacían que el progreso social fuera otra leyenda nada más. Ciegos ante los problemas de su país, esas gentes sólo se preocupaban de sus propias ganancias". Este retrato, que fácilmente puede extraerse de las tendencias y eventos que han caracterizado a los últimos tres sexenios, fue presentado por Leopoldo Zea en su libro El Positivismo en México (1944), para describir al gobierno de Porfirio Díaz a finales del siglo XIX.
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LA "pequeña y poderosa oligarquía" del "neoporfiriato" está aglutinada alrededor de esa minoría que mencioné la semana pasada y que, representando menos de 0.2% de la población, controla 51.1% de los activos del país. El amiguismo, las "cliques" surgidas alrededor de los neobanqueros y la miopía ante los problemas del país quizás hayan sobrepasado al porfiriato en codicia, entreguismo y corrupción. En este sentido, el término "oligarquía" también tiene vigencia. Según L. Thurow, el interés de un "establishment capitalista" en ningún momento les lleva a sacrificar la integridad nacional ante el altar de las ganancias. Sus integrantes no desatienden el hecho de que su conveniencia mayor está íntimamente vinculada con el buen funcionamiento de la sociedad como un todo, a la que se concibe como una gran embarcación, a la que es necesario preservar cuidando los equilibrios socioeconómicos. Una oligarquía, al contrario, está dominada por la codicia: el lucro se halla por encima de la integridad nacional y no muestra mayor preocupación si la nave naufraga; cómo destinan gran parte del ahorro nacional bajo su control a las actividades especulativas o a la fuga de dinero hacia todos los paraísos fiscales conocidos, en la eventualidad de un hundimiento nacional, cuentan con lujosos yates donde refugiarse.
La privatización y extranjerización del patrimonio del país ofrece a la oligarquía una magnífica oportunidad para realizar jugosas ganancias, que ahora desean ampliar, desde la telefonía, la aviación, la industria azucarera, los ferrocarriles o los bancos, hacia Pemex, la CFE, los puertos y los aeropuertos. Las "desincorporaciones", impulsadas por EU mediante el FMI-BM, han tenido una apoyatura fundamental en sus "inversionistas institucionales" (fondos mutuales, etcétera) y en el gobierno de esta desmemoriada plutocracia. A su favor se realizó la masiva transferencia de unas 1,200 empresas públicas valoradas en poco más de 24 mil millones de dólares, incluido todo el sistema bancario, en vías de extranjerización. Ahora, los organismos patronales que los representan exigen la inmediata privatización de la petroquímica, del gas natural y de la CFE, para "restaurar el equilibrio de las finanzas públicas" ante el desplome de los precios del petróleo. Ciegos al hecho de que los montos de los rescates bancarios o carreteros sobrepasen tales desequilibrios, en ningún momento están dispuestos a sacrificarlos ni tampoco informan al público que algunos de los esquemas financieros para lanzar al piso de remates de Wall Street toda la infraestructura energética del país, han estado circulando algún tiempo entre sus miembros.
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UNO de ellos fue elaborado, por Aeicon Corporation, Agincourt Ltd y Ridgewood Group International, mismo que considera la creación del Mexico Energy Export-Oriented Development Program, bajo la inversión directa de Investors Guaranty Fund Ltd (IGF), encargado de la capitalización del programa por medio de la venta de MEXDS GIA, "denominaciones en dólares para contratos de inversión con calificación AAA". Se piensa colocar parte de los MEXDS GIA por la vía de préstamos del BM-BID y otra parte mediante los "institutional investors". Por motivos empresariales y estratégicos, Washington necesita tener en el bolsillo de sus inversionistas al sector energético mexicano, por lo que todo está listo para proceder con la primera etapa para el remate de activos de Pemex, petroquímica y gas natural y la CFE, por 9 mil millones de dólares.

El TLC y la Insurrección Zapatista

— VI —

ES frecuente escuchar y leer a políticos y estudiosos identificados con las más diversas posturas ideológicas mencionar que, desde la implantación de regímenes neoliberales a principios de los años 80, se abandonó al Estado de bienestar. Si se comparan las políticas y condiciones actuales con la situación prevaleciente antes de los regímenes neoliberales, es cierto que se registra un inusitado aumento en la generación de millones de nuevos pobres, categoría que incluye a la clase media en decadencia, así como un marcado deterioro en el nivel del gasto social, entre otros factores, pero es necesario reconocer que, tanto en México como en el resto de América Latina es una exageración afirmar que en algún momento hayamos vivido un verdadero Estado de bienestar de corte keynesiano. Esto se corrobora de cara a los datos comparativos sobre los niveles del presupuesto público —y dentro del mismo, del gasto social— en relación con el PNB en Europa o hasta en los mismos Estados Unidos, y los respectivos rubros para América Latina. Incluso durante el régimen de Thatcher, en Inglaterra, el gasto público representó 47% del PNB, del cual 27% se destinó al gasto social y, en otros países europeos, como Alemania, Holanda, Francia o Bélgica, los porcentajes son superiores a 50%.
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AUN así, en México el nivel de gasto social anterior a los regímenes de corte "neoporfiriano" fue mayor y no incluyó el masivo y costoso esquema de relaciones públicas que ha caracterizado a los programas diseñados por el Banco Mundial, como Solidaridad o Procampo, dirigidos en realidad a promover los intereses políticos y electorales del partido oficial en las ciudades y en las zonas rurales. El uso patrimonialista de los fondos públicos exacerba todavía más los niveles de frustración política a nivel nacional. En 1980, la inversión pública en el sector social llegó a los 3,200 millones de dólares y durante el último año del gobierno de López Portillo se aumentó 3,500 millones. Sin embargo, para 1993, esa cifra se había reducido a 1,960 millones. De 1989 a 1993, los programas regionales de Solidaridad, en Chiapas, llegaron a los 527.5 millones de dólares, pero las pérdidas de los asalariados en esa entidad, según estimaciones realizadas por José Luis Calva, fueron de poco más de tres mil millones de dólares en ese mismo periodo.
No es accidental que la insurrección chiapaneca coincidiera con la puesta en marcha oficial del NAFTA, el 1º de enero de 1994. La vinculación de los dos actos se relaciona además con varios procesos y acontecimientos entre los que cabe mencionar los problemas causados por la política de control salarial y la crisis del mercado del café que afectó a cerca de 60 mil pequeños productores en todo Chiapas. La crisis fue el resultado del rechazo de Salinas al Acuerdo Internacional del Café, para cumplir con los requerimientos formalizados en el Apéndice 702.3 del NAFTA, en el sentido de que México se comprometió a no actuar en coalición con otros productores para restringir exportaciones y, consecuentemente, afectar los precios internacionales. Pero, como lo apunta Calva, la cláusula del café no fue la única razón por la que los indios rechazaron el TLC, porque los campesinos ya habían sufrido los efectos de la liberalización comercial en los precios de otros productos, como lo fue el colapso de los precios de carne, soya, sorgo, bananos y cacao, que redujeron todavía más el ingreso del campesino y nacionalmente se desarticuló al sector agrícola de la economía.
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PERO el hecho central es que la política económica vigente desvía en forma masiva el presupuesto nacional hacia el gasto no productivo (pago del servicio de la deuda, rescates bancarios, etc.) y naturalmente la inversión pública global de México observa una declinación de 60.4%, entre 1981 y 1992, y las partidas destinadas al sector agropecuario experimentan una brutal reducción de 79.04% durante ese mismo periodo.

La Revancha de don Porfirio

— VII —

LA irreflexiva contrarreforma agraria del artículo 27 constitucional y la caída de casi 80% en la inversión pública en el sector agropecuario en una década, son dos iniciativas diseñadas por el FMI y el Banco Mundial y aplicadas por los gobiernos neoliberales, que se actúan como precipitantes de guerra interna al haber generado la mayor crisis observada en la agricultura mexicana desde la Revolución de 1910. Los pequeños productores de todo México ahora afrontan la competencia de importaciones baratas de granos de EU, como el maíz, mientras el subsidio gubernamental a los precios de los granos —siguiendo lineamientos previamente pactados con el BM— fueron interrumpidos de manera fulminante. Usando otros parámetros estadísticos para analizar el asunto, mientras la inversión pública en el sector agropecuario en 1982 por la vía de créditos, transferencias fiscales y otras inversiones públicas, representaba 2.5% del PNB, ya para 1991 había caído a 0.7%.
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LO que ha venido ocurriendo en la agricultura mexicana desde el salinato fue apropiadamente calificado por un conocido semanario estadunidense como "la revancha de don Porfirio'', no sólo por el masivo programa de privatizaciones, sino también debido a que, desde la perspectiva de muchos observadores externos, aparecía como una contrarreforma agraria de grandes dimensiones. Los cambios al artículo 27 implantados por Salinas y su mayoría legislativa, mismos que fueron previamente pactados con el FMI-BM, formalmente finalizan la reforma y el reparto agrario, eliminando el concepto de "propiedad social'' y dejando a los ejidatarios y pequeños agricultores a merced de "las fuerzas del mercado''. Se trata de un "compromiso'' en el FMI-BM que el actual gobierno se inclina a mantener contra viento y marea, incluso arriesgando un conflicto militar de imprevisibles consecuencias, como quedó claro en declaraciones que E. Rabasa, el comisionado oficial para la paz en Chiapas, hizo al diario español El País en torno al "impasse'' en la negociación de los Acuerdos de San Andrés, en el sentido de que no se permitiría la "colectivización'' de la tierra.

Como consecuencia de estas medidas, se observa un aumento substancial de los latifundios y de una agresiva ofensiva de los "agribusiness'' extranjeros. Los efectos sociales y políticos que han resultado del colapso de la inversión pública en el sector agrícola llevaron al BM a diseñar (y al gobierno de Salinas a aplicar) el Procampo, un programa de emergencia de 3,500 millones de dólares, diseñado en parte para afrontar el predicamento de los campesinos, pero que realmente ha operado con la intención de neutralizar los costos electorales de las regresivas políticas implantadas al sector agropecuario.
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UN documento confidencial, preparado por los asesores económicos de la embajada de EU, dice al respecto que dicho programa "nace como un instrumento creado a la luz del TLC para opacar el dolor del campesinado hacia la transición de un mercado abierto... la transformación económica del campo hacia el sector privado ha tenido consecuencias abruptas y catastróficas para la población rural mexicana que pocas posibilidades tiene de modernizarse para competir en el marco del TLC''.

EU y la Desestabilización del Agro

— VIII —

NO deja de llamar poderosamente la atención el hecho de que, mientras el gobierno de Estados Unidos y el binomio FMI-Banco Mundial impulsaron, por medio del TLC, el programa salinista de privatización rural con su respectiva contrarreforma al artículo 27 de la Carta Magna, en un documento privado difundido por la prensa, los asesores económicos del entonces embajador Jones reconocían que tal política agropecuaria "...ha contribuido a fomentar la inestabilidad social y por lo tanto a impulsar el movimiento guerrillero zapatista". Como la privatización agraria ocurrió casi simultáneamente con las elecciones presidenciales, esos mismos analistas puntualizan que Procampo, el programa de "modernización" agrícola diseñado y financiado por el BM coincidió, "...con un año electoral (pues) el gobierno tiene la obligación de, al menos temporalmente, aliviar los problemas rurales para mantener la ventaja electoral que tradicionalmente ha disfrutado en las áreas rurales".
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EL documento indica que Estados Unidos "será el mayor beneficiario de la instrumentación de Procampo, pues el giro en los cultivos de las tierras mexicanas favorecerá una mayor importación de maíz y frijol en el corto plazo... El giro en los cultivos mexicanos hacia otros productos básicos —como trigo, sorgo, soya, arroz y algodón— hará que para mediano y largo plazos se dé una mayor demanda de estos bienes sobrepasando la capacidad productiva nacional e incrementando las importaciones de los Estados Unidos". Así, los intereses cortoplacistas de los exportadores de grano de EU se anteponen a cualquier consideración relacionada con la explosividad rural y urbana que se genera al calor de los programas de ajuste estructural y de privatizaciones fondomonetaristas. Hay que tomar nota del hecho de que las consecuencias, al nivel de "seguridad nacional", que se derivan de una política tendiente a lanzar a millones de campesinos mexicanos hacia las ciudades y hacia Estados Unidos, están siendo afrontadas, por el mismo gobierno que la auspicia, por medio de una militarización sin precedentes y la continua construcción de todo tipo de muros de Berlín, a lo largo de la frontera con México.
Como parte de los planes de contingencia estadunidenses para el crítico periodo de las más recientes elecciones presidenciales en México y en anticipación de un cada vez mayor malestar de la población rural y urbana sometida por el FMI-BM y sus "country managers" locales a una verdadera guerra económica, el gobierno de Clinton ha venido autorizando la exportación de equipo militar para proveer a las Fuerzas Armadas Mexicanas (FAM) con mayor movilidad y poder de fuego, incrementando su capacidad en cuanto al control de huelgas y transfiriendo otras tecnologías para el abatimiento de las expresiones de descontento rural y urbano.
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SEGUN el San Antonio Express News, sólo durante los primeros tres meses después de iniciada la rebelión zapatista, Salinas importó de EU 3,000 vehículos, mientras el Pentágono aprovechó la situación para aumentar su influencia sobre las FAM promoviendo las funciones policiales y de contrainsurgencia en el contexto de una estrategia económica que propicia enfrentamientos con las fuerzas populares.

El Estado "Consular"

— IX —

EL director general del IMSS afirmó recientemente ante el Poder Legislativo que es un "disparate'' asumir que el crédito por 700 millones de dólares que se gestiona ante el Banco Mundial por medio de la SHCP esté condicionado. El director general descalificó la veracidad de un documento dado a conocer por la prensa detallando los pormenores del préstamo, "porque no es oficial''. No creo que, en el caso del IMSS, el BM, a diferencia de lo que ha venido haciendo desde hace por lo menos quince años, súbitamente se haya transformado en un ente filantrópico. Existen documentos oficiales del BM que indican que gran parte de sus préstamos se orientan a preparar las condiciones para llevar a las empresas o instituciones "favorecidas'' a la "modernización'', que explícitamente el BM traduce como la privatización a favor de empresas "nacionales y/o extranjeras''.
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TANTO el Senado como la Cámara de Diputados harían bien en exigir una investigación sobre la larga lista de "préstamos'' altamente condicionados que se han pactado, pues el aumento en la injerencia sobre la dirección económica de México, de instituciones directamente vinculadas con la Casa Blanca, como el FMI-BM y el BID, no se restringe al área agropecuaria, por ejemplo, por medio del diseño y la financiación del procampo, sino que se extiende, a lo largo de la experiencia posterior a la negociación de la deuda de 1982, al diseño presupuestal de la Federación, impactando de manera directa la orientación estratégica que se va adoptando en grandes empresas y sectores de la economía, como Pemex, la CFE y los Ferrocarriles.
La política de inversión extranjera y de comercio exterior, así como la desnacionalización y desincorporación de empresas públicas, no han sido procesos que respondan al accionar de una abstracta "globalización'', pero tampoco obedecen a los criterios, modalidades y ritmos endógenos, sino a necesidades temporales y materiales de EU expresadas por medio de "préstamos'' y "paquetes de rescate'', altamente condicionados y con gran fuerza persuasiva.
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DOCUMENTOS oficiales de la División de Comercio, Finanzas e Industria del BM indican que la apertura comercial unilateral realizada desde 1986 fue el resultado de la fuerte condicionalidad acreedora. A la condicionalidad del FMI —que se refleja más que todo en la dirección macroeconómica—, se añadió el manejo de las ramas económicas y empresas de mayor interés para las grandes firmas de los acreedores, por medio de préstamos atados del BM en campos que van desde la política comercial y la de exportaciones, la minería y la petroquímica, hasta programas para la "modernización'' de carreteras, puertos, ferrocarriles, aeropuertos, plantas generadoras de electricidad, incluyendo a la política municipal, el transporte urbano, la extensión agrícola, el mantenimiento de carreteras, el adiestramiento de mano de obra, la "reestructuración'' del sector acerero, agrícola y de fertilizantes, la rehabilitación portuaria, la construcción de viviendas, el diseño de programas para promover esa política económica, la asistencia social, el combate a la pobreza extrema, la desregulación financiera, administrativa e industrial y del transporte de personas y bienes.

Entrega de las Líneas de Mando

— X —

CONFORME el país desvía de manera irracional la inversión pública hacia el servicio de la deuda o al rescate bancario, a lo largo de los últimos 16 años se fue incrementando de manera proporcional la influencia del FMI y el BM sobre las ramas económicas de mayor interés para las empresas de los acreedores. Entre 1982 y 1990, los préstamos sectoriales del BM ascendieron a más de 11,500 millones de dólares y, según se desprende de los informes de su División de Comercio, Finanza e Industria, esa cifra más que se duplicó en lo transcurrido de la presente década. Los préstamos incluyen diversos "tramos'' cuya aprobación está condicionada al cumplimiento de metas y calendarios fijados por el BM, cuya evaluación, control y vigilancia está a cargo de sus propias misiones técnicas. En virtualmente todas las Secretarías de Estado, Direcciones y Subdirecciones, empresas públicas, y muchas privadas, existe algún tipo de relación directa o indirecta con el BM, ya sea de inspección y supervisión o de sujeción y minucioso escrutinio.
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ESTE tipo de "gobierno paralelo'', imperceptible para la opinión pública y aparentemente libre del monitoreo legislativo, no se limita a México. Por medio del FMI el BM y el BID, Washington ha establecido un complejo y vasto entramado administrativo que le permite influir de manera muy directa y detallada sobre la administración pública latinoamericana, tratándose de un esquema cuya dinámica observa paralelismos con las estructuras imperial-coloniales aplicadas por Londres (durante el periodo de apogeo del imperio británico. Los instrumentos de proyección de poder e influencia no se restringen al ámbito de la administración económica; se extienden también a la política internacional y de "seguridad interior''.
Los instrumentos "interamericanos'' que EU está forjando tienen como punta de lanza el esquema comercial, de inversión y "político-militar'' generado en torno al TLC, y constituyen un complejo esquema de relaciones de la metrópoli sobre "su'' periferia de influencias y cruces en las líneas de mando. Una comprensión del fenómeno se logra traduciendo el lenguaje técnico y especialmente las metáforas usadas por el FMI y el BM o el Pentágono para referirse a los aspectos políticamente más delicados, por ejemplo, los problemas de "seguridad'' derivados del traspaso que se está realizando del manejo, control y usufructo, a favor del empresariado extranjero, preponderantemente estadunidense, de grandes complejos económico-territoriales en México, con la "desincorporación'' ferroviaria, eléctrica y del sector petrolero.
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EN la base de este proceso está la aceptación, por los últimos tres gobiernos mexicanos, de los programas de ajuste estructural cuya piedra angular se centra en la transformación de México (y América Latina) en tributarios de EU, transformando al país y a la región en grandes exportadores de capital por medio del servicio de la deuda externa, al que estos gobiernos dan prioridad sobre cualquier consideración política, social o incluso constitucional.

Vulnerabilización Financiera

— XI —

BAJO la presión de la crisis de 1982 se aceptaron préstamos del FMI a cambio de aplicar un estricto programa de estabilización y de ajuste estructural del cual Washington derivaría capacidades para influir de manera profunda sobre la dirección económica mexicana y muy particularmente su orientación favorable hacia la participación de los inversionistas y las empresas extranjeros en áreas de su interés geoestratégico, como la energética y la vinculada con la infraestructura de transportación. Su creciente dependencia de minerales y combustibles fósiles inducía a Estados Unidos a mirar a México y sus ricas dotaciones minerales y de combustibles fósiles, "con otros ojos", y simultáneamente a poner en marcha instrumentos que le permitieran "remontar" los obstáculos normativos a su acceso y control de recursos constitucionalmente vedados a la inversión privada.
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LA amplia gama de acuerdos con el FMI y el Banco Mundial que siguieron durante los siguientes quince años, han incluido una masiva reducción del gasto público, reformas impositivas, restricciones al crédito, la aceptación de topes salariales, la liberalización comercial y la inversión y la privatización de las empresas públicas, lo que a su vez se tradujo en una creciente "desnacionalización" del proceso de toma de decisiones en materia económica y, de manera crucial, en el diseño presupuestario de la Federación, y también —aunque no exclusivamente—, de las grandes paraestatales. Durante el primer año del sexenio salinista, el FMI logró cumplir con una de sus más importantes metas. Por medio del Extended Facility Agreement de 1989, a decir de Alejandro Nadal Egea, "todo un acontecimiento histórico", pues conllevó una profunda "reforma" del sistema financiero nacional, es decir, acceder a la "sugerencia" del FMI para la privatización y posterior extranjerización del crédito y el depósito nacionalizados por JLP, incluidas reducciones a las regulaciones y restricciones a la participación de la inversión extranjera y una mayor liberalización comercial.
El actual proceso de privatizaciones tiene como uno de los mecanismos centrales para su concreción el tipo de vulnerabilidad financiera gestada mediante el mencionado acuerdo. Así, mientras la apertura comercial unilateral auspiciada por conducto de los "trade policy loans" del Banco Mundial al gobierno delamadridista se traducía en abultado déficit comercial, junto con una seria afectación de miles de pequeñas y medianas empresas, un fenómeno que continuaría impactando a la economía durante los años 90, el masivo déficit fiscal ocasionado por el desvío de la inversión pública hacia el servicio de la deuda pública —y posteriormente también de costosos programas de rescate del sector financiero privatizado— era perentoriamente subsanado por medio de masivas infusiones de capitales extranjeros preponderantemente de portafolios.
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LA vulnerabilización financiera inducida por el FMI conllevó la casi total desregulación de la inversión extranjera directa y de portafolios en un movimiento de causación circular. El endeudamiento crónico y la aceptación de un rembolso acelerado de la deuda, junto con la reducción drástica de los presupuestos, está en la base de la capitulación económica formalizada en el Memorándum de Políticas Económicas de enero de 1995.

La Capitulación

— XII y último —

ENTRE junio de 1990 y junio de 1994 entró una inversión extranjera calculada en 91,700 millones de dólares, 77% de portafolios, capaz de fugarse en cuestión de milésimas de segundo. La vulnerabilidad financiera abrió las puertas de par en par a la inversión extranjera directa y de portafolio. Se desplegó todo un programa intervencionista para sacar del hoyo a los subordinados gobernantes mexicanos, a cambio de otro vasto programa de privatizaciones y también para rescatar a las instituciones financieras y mutualistas y a sus varios cientos de miles de ambiciosos inversionistas estadunidenses dedicados a la especulación y a obtener jugosas ganancias del mercado emergente mexicano, durante el salinato el más prometedor y caliente del Tercer Mundo.
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CABE recordar que la mutación del sistema Bretton Woods, a principios de los setenta, manifestada en cambios políticos y de clase y de creciente conflictividad intercapitalista, era en realidad producto de una grave crisis de acumulación que llevó a articular una verdadera "guerra de conquista" de zonas previamente cerradas a la inversión —como las empresas públicas—. El FMI, el BM y el BID se dedicaron con especial ahínco a la "creación de condiciones favorables para las privatizaciones". Bajo la presión generada por esta vulnerabilidad económica, Washington había impuesto dos grandes programas de privatización de codiciadas empresas públicas encabezados respectivamente por el delamadridismo y el salinato. Bajo los efectos de la debacle financiera de diciembre de 1994, se instaura una tercera oleada privatizadora que incluye a las principales empresas públicas de la nación. Zedillo mantiene la apertura indiscriminada al capital especulativo y continúa con el sacrificio del patrimonio nacional y del salario, incrementando los riesgos de más "criminalidad rural y urbana" y de estallidos sociales acicateados por los programas de ajuste estructural del FMI, así como los peligros de lanzar de nuevo al país a un despeñadero (ya el déficit de cuenta corriente es de 14 mil millones de dólares, bajo el influjo de los capitales golondrinos, como si no hubiera ocurrido nada desde 1982 y existiese en los círculos oficiales una predisposición a no aprender de los grandes traumas: no sólo se persiste, sino que se eleva vertiginosamente el subsidio al monumental fracaso de una banca privatizada, poco profesional, propensa a la especulación irrefrenada y a la corrupción.
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EN este contexto se firma el Memorándum de Políticas Económicas de enero de 1995, redactado por los asesores del BM y cuyo inciso 17 sintetiza la capitulación económica en estos términos: "El gobierno de México ha decidido acelerar las reformas estructurales en los sectores de transporte, telecomunicaciones y banca... El Presidente ha enviado al Congreso propuestas de enmienda constitucionales que permitan la inversión privada en ferrocarriles y comunicaciones vía satélite. El gobierno también... promoverá la inversión privada en plantas de generación de energía eléctrica y ha propuesto al Congreso modificaciones legales que permitan una mayor participación extranjera, en el sistema bancario, de lo considerado bajo el TLC. También se acelerará el proceso iniciado para privatizar otras empresas estatales, incluidos puertos, aeropuertos y plantas petroquímicas".